L'édito de la rédaction sur « Les aquarelles » à Hertain : maison d'accueil ou pompe à fric ?
C’est un établissement quasi pirate qui a ouvert ses portes à Hertain. Comment est-il possible aujourd’hui ‘en arriver là, que faudrait-il faire pour que cela ne se reproduise pas, c’est l’objet de l’édito de la semaine .
Un établissement accueillant des personnes en difficultés psychiques prolongées qui ouvre ses portes dans des conditions franchement indécentes, on croit rêver ou plutôt cauchemarder.
Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, l’établissement s’est vu opposé un refus à sa demande d’agrément et de reconnaissance de la part de l'AViQ pour avoir introduit un dossier incomplet. Un délai courant jusqu’au 21 octobre lui a été octroyé pour rendre un dossier complet faute de quoi la demande sera irrecevable, entrainant un refus de reconnaissance. Et sans présumer de la décision, de l'AViQ, on peut penser que cette reconnaissance ne viendra pas. Les trop peu nombreuses personnes engagées pour assurer le fonctionnement de la structure ont vite compris qu’il leur était impossible de rendre un service de qualité ou même tout simplement répondant aux exigences de bien-être minimal des personnes dont elles ont la charge. De plus, il semble que certaines normes, en matière de sécurité notamment, ne soient pas rencontrées. Mais comment direz-vous est-ce possible d’en arriver là ?
Il y a bien sûr plusieurs facteurs qui expliquent cela. Tout d’abord, il faut des personnes sans trop de scrupules qui trouvent normal de se faire de l’argent sur le dos des personnes les plus fragiles. On rappellera en effet que les responsables qui se trouvent aux commandes ou derrière cette structure qui n’a d’accueil que le nom ne sont pas des inconnues, loin de là.
Il y a deux ans, le père du gérant de la maison d’Hertain s’est vu contraint de fermer la maison de repos dont il était propriétaire et qu’il exploitait à la chaussée de Douai à Tournai. Les motifs évoqués à l’époque étaient graves puisque l’on parlait à l’époque de manque d'hygiène, de non-respect de l'intimité des résidents, de saleté dans les chambres, de chauffage défectueux et de non-conformité des normes de sécurité incendie qui ont valu au propriétaire une inculpation pour « privation de soins et/ou d'aliments à une ou des personnes vulnérables », et de « coups et blessures, volontaires, à l'encontre d'une ou plusieurs personnes vulnérables », il doit encore être jugé.
Aujourd’hui donc, il ouvre une structure d’accueil pour personnes vulnérables avec pour objectif une rentabilité maximale. Procès d’intention nous direz-vous, nous vous répondrons que donner pour tout encadrement à une quarantaine de pensionnaires un éducateur, une infirmière et une personne chargée de l’entretien laisse transparaître une motivation plus liée aux bénéfices qu’au bien-être des personnes.
Et le risque de voir apparaître encore des structures mal tenues, des résidents mal traités est bien réel malheureusement. La responsabilité de cette situation repose en partie aussi sur nos pouvoirs publics. Car pour alimenter la pompe à fric, il ne suffit pas que des personnes peu scrupuleuses ouvrent des structures d’accueil pour les personnes les plus faibles, encore faut-il qu’elles trouvent des candidats à l’hébergement. Et tant que le nombre de place d’accueil, publiques ou privées, bien encadrées, sera insuffisant, certains continueront à s’engouffrer dans la brèche
Xavier Simon